A l’instar de nos écoliers, notre association a également effectué sa rentrée des classes lors de la seconde semaine de janvier. C’est pourtant à l’année 2022 que nous souhaitons consacrer cette toute première communication annuelle ! En effet, nous venons de recueillir les résultats de l’enquête de satisfaction que nous avons menée auprès de toutes les personnes s’étant adressées à nous, cette année-là, pour une orientation vers des soins de santé psychique. Cela remonte à plus d’un an nous direz-vous : oui, mais le questionnaire est envoyé à dessein l’année suivant le passage à Trajectoires afin de permettre aux personnes qui y répondent d’avoir un minimum de recul sur l’expérience vécue dans nos murs.

91% des répondant.e.s recommandent Trajectoires

En premier lieu, nous avons reçu 105 réponses sur les 481 personnes qui ont été reçues en 2022. Cela signifie que près d’un quart de ces personnes ont pris le temps de nous transmettre leurs impressions. Quiconque effectue des sondages d’opinion relèvera que ce taux est passablement élevé, suggérant que l’expérience Trajectoires a été tout sauf anodine. Et plus positive que négative puisque près de 91% des participant.e.s recommandent les services de notre association et un peu moins de 85% ont même trouvé leur passage « utile ». Parmi les témoignages recueillis, plusieurs soulignent la qualité de l’accueil et de l’écoute, le rôle des entretiens pour mieux identifier et cibler les besoins thérapeutiques, le débouché vers une psychothérapie adaptée et durable, ou encore l’aide pour trouver un.e thérapeute disposée à recevoir dans un délai raisonnable. Ces nombreux et chaleureux témoignages nous encouragent à poursuivre notre travail et notre engagement vers la promotion de la santé psychique.

Un premier pas vers une psychothérapie … mais pas toujours

Le sondage révèle également que près de 90% des personnes ayant reçu une proposition d’orientation après leur passage à Trajectoires ont suivi ces recommandations – le plus souvent, il s’agit d’une liste contenant les coordonnées de trois thérapeutes. Néanmoins, de manière intéressante, tout le monde n’a pas entamé de psychothérapie pour autant ! C’est en effet le cas d’environ 14% des personnes ayant consulté chez nous. Cela montre que la prise de contact avec un.e thérapeute ne va pas forcément conduire à une psychothérapie sur le long terme. De plus, environ un quart des personnes l’ayant fait ont trouvé leur psychothérapeute ailleurs que dans le réseau de Trajectoires. Ainsi, il apparaît que notre association est utilisée comme ressource directe vers la psychothérapie pour la majorité de nos consultant.e.s alors que, pour une minorité importante, elle constitue un élément parmi d’autres sur ce chemin. Certaines personnes viennent par ailleurs nous voir sans pour autant se sentir prêtes à entamer une telle démarche. Il peut encore s’avérer qu’une autre option que la psychothérapie sera préconisée pour aider nos consultant.e.s. à affronter leur problème.

Une alliance difficile à créer

Si les chiffres et témoignages issus de cette enquête sont assurément positifs, ils nous indiquent pourtant qu’une proportion non négligeable de nos consultant.e.s n’a pas pleinement profité de sa visite en nos lieux. En effet, une quinzaine de critiques nous a été formulée. Il y a par exemple celle de ce consultant qui dit avoir été déçu de sa rencontre avec la psychothérapeute que nous lui avions recommandée, ou encore ce témoignage exprimant une insatisfaction par rapport à ce que le thérapeute de Trajectoires a pu proposer. Ces deux situations mettent en lumière le rôle fondamental de l’accordage entre patient.e et thérapeute, traduit dans le jargon par le terme d’« alliance thérapeutique », qui est considéré par la littérature scientifique comme l’un des principaux voire le principal facteur de succès d’une psychothérapie. Il n’est d’ailleurs pas rare que des personnes nous contactent à la suite de plusieurs échecs imputés à un mauvais feeling avec le ou la praticien.ne : sentiment de ne pas être entendu.e, pire : d’être jugé.e dans ses croyances et son comportement, impression de ne pas se trouver sur la même longueur d’ondes, etc. Bien que le ressenti est par nature subjectif, ces critères n’en restent pas moins fondamentaux.

A Trajectoires, nous nous efforçons d’augmenter la probabilité que cela « matche » entre nos consultant.e.s et nos partenaires psychothérapeutes – c’est là l’essence même de notre travail d’orientation. Mais force est de constater que rien ne peut être considéré comme acquis et que nous ne pouvons malheureusement pas garantir le succès d’une future psychothérapie à tous les coups. Il est parfois même nécessaire de vivre quelques expériences compliquées en thérapie pour parvenir à mieux cerner ses besoins et identifier ses objectifs. De son côté, Trajectoires a pris le parti de proposer un processus d’orientation bref et rapide, de sorte de privilégier le passage à une thérapie sur le plus long terme. En conséquence, les thérapeutes de l’association ne disposent que de peu de temps pour construire, avec les consultant.e.s, la fameuse alliance thérapeutique. Dans un suivi au long cours, patient.e et thérapeute ont l’opportunité d’aborder et discuter leurs points de désaccords ; chez nous, c’est plus compliqué. Tout doit aller vite, tout est incomplet. Inévitablement, cela favorise les malentendus.

Certaines barrières difficiles à franchir

Dans d’autres situations, ce sont des difficultés personnelles qui ont empêché nos consultant.e.s de profiter du processus d’orientation. Franchise trop élevée pour se permettre des soins de santé, assurance étrangère qui ne couvre pas les prestations, mais aussi détérioration de l’état psychique qui ne permet plus à la personne de poursuivre le processus d’orientation. Ces quelques exemples nous rappellent à quel point il est difficile d’entamer un processus psychothérapeutique. Ils nous permettent également de réitérer l’engagement de Trajectoires à faciliter l’accès à la psychothérapie et aux soins en santé psychique : quelle que soit la nature des difficultés de nos consultant.e.s, nous nous engageons à leur offrir une écoute attentive et à travailler avec elles et eux pour trouver, dans la mesure du possible, une solution.

C’est donc sur cet engagement fort que nous vous souhaitons, chères amies et chers amis de Trajectoires, au nom de toute notre équipe et notre comité, une très belle année 2024 où nous prendrons toutes et tous soin de notre santé psychique.

Marc Baertschi
Directeur clinique